Le rail séduit une clientèle nombreuse.
Si bien que certains jours, sur certains tronçons, et à certaines heures les rames affichent complet.
La situation témoigne des progrès accomplis par le mode de transport.
Elle suscite aussi une réflexion et des projets d'avenir.
De plus en plus nombreux à préférer le train et tout au long de l'année.
Les chemins de fer de la Corse se sont hissés à la hauteur des enjeux commerciaux de leur époque.
Sans surprise l'évolution se solde par une hausse sensible du trafic passager.
« Nous avons transporté 828 240 voyageurs en 2013, soit 18 % de plus qu'en 2012 et 32 % de plus qu'en 2011 », se félicite Jean-Baptiste Bartoli, directeur général de la société anonyme d'économie mixte - SAEM - Chemins de fer de la Corse.
Les chiffres consacrent un succès.
« Aujourd'hui nous pouvons nous targuer d'être l'axe structurant du transport public des voyageurs en Corse », reprend le responsable.
L'afflux de passagers supplémentaire contribue à promouvoir, dans une large mesure, la prospérité de la SAEM. « Pour l'année 2013, la recette s'établit à 4,2 millions d'euros. Nous avons gagné 0,8 million d'euros de plus qu'en 2012 et 1,8 million d'euros de plus par rapport à 2011 », poursuit le directeur général.
Le premier semestre 2014 confirme la tendance. « Nous continuons sur cette lancée », se réjouit-on.
Les progrès accomplis interviennent dans un cadre d'un contrat souscrit à l'échelon territorial.
Les règles du jeu sont fixées. « Nous avons à répondre aux prescriptions de la délégation de service publique - DSP - et nous sommes signataires d'une convention compte tenu de cette attribution », résume Michel Stefani, président de la SAEM.
Dans ce périmètre, les Chemins de fer de la Corse veilleront, entre autres, à la mise en œuvre d'un « plan de transport organisé autour des moyens mis à notre disposition et dont la Collectivité territoriale de Corse - CTC - est propriétaire, c'est-à-dire les 12 rames AMG en exploitation et les 4 Soulé.
Le document précise le nombre de personnes à transporter, la capacité en places à offrir, par exemple.
Sécurité et économies
Désormais, le contexte se caractérise par une certaine maturité.
L'histoire s'est éclairée peu à peu.
Le train de Corse avance par élimination des obstacles.
Le temps de « l'adaptation » et des « difficultés techniques » est révolu. Celui du « déverminage » des machines aussi. « Il faut faire tourner les autorails et au fur et à mesure de cet exercice, nous réduisons les points d'incertitude et nous rendons, par conséquent, le matériel plus fiable. La procédure a débuté en juin 2012 », explique-t-on.
La force des Chemins de fer de la Corse est d'offrir à sa clientèle une desserte fiable.
Les trains partent et arrivent à l'heure dite. « Notre taux de régularité avoisine aujourd'hui 92 % », insiste Jean-Baptiste Bartoli.
Le transporteur estime aussi être en capacité de proposer à sa clientèle « un véritable service public ».
La réussite est pour partie conditionnée par les nouveaux autorails « climatisés, équipés de prises pour les ordinateurs, de tablettes ».
Le travail accompli avec la CTC et la réhabilitation des haltes ferroviaires du Ricanto, des Salines, d'Effrico, la rénovation de la gare de Vivario et la réfection à venir à partir de septembre des haltes à proximité de Bastia participent à la santé nouvelle du secteur.
« Tragone a d'ores et déjà été reconstruite.
L'ouvrage comprend des abris pour les voyageurs, des dispositifs d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, des bornes tactiles »
La structure industrielle se modernise et la population suit la cadence.
De l'avis commun, la dynamique enclenchée s'assimile « à une réappropriation par les Corses de ce moyen de transport original ».
Elle va dans le sens du développement durable.
Le train progresse, la voiture recule, et les émissions de gaz à effet de serre diminuent. Les réactions vertueuses s'enchaînent tandis que le train s'impose « en tant qu'objectif essentiel en termes d'aménagement du territoire ».
Parmi les fidèles partisans de michelines et wagons, les jeunes figurent désormais en bonne position. « Nous sommes très satisfaits du système de gratuité mis en place par la CTC pour les étudiants. 1 200 y ont adhéré », souligne Michel Stefani. La solution ferroviaire à l'avantage de la sécurité et de la rationalité économique.
« Les étudiants sont moins nombreux sur la route. Ils se déplacent dans des conditions plus sûres », commente-t-on au sein des Chemins de Fer de la Corse. Les voyageurs à destination de Corte pour l'essentiel estiment aussi faire une bonne affaire. Le train a des incidences très positives sur le budget.
« Ils disent faire des économies non-négligeables.
Certains ont fait le choix d'effectuer le trajet aller et retour tous les jours entre l'université et le domicile familial.
Ce qui leur évite de louer un studio ou bien une chambre », analyse-t-on.
Les AMG ont aussi rendez-vous avec les collégiens et les lycéens. L'institution, à ce stade, donne un supplément de sens au rail. « Nous avons signé des conventions avec la Communauté d'agglomération du pays ajaccien - Capa - et avec le conseil général de la Haute-Corse afin d'assurer le transport de ce public », rappelle Michel Stefani.
28 allers et retours entre Bastia et Casamozza
Le train, de plus en plus souvent, est au cœur de la sortie scolaire. « Nous sommes très sollicités, à présent, par des enseignants qui souhaitent se rendre avec leur classe jusqu'à Vizzavona, jusqu'à Savaggio par exemple. De fait, le train se retrouve associé au parcours pédagogique de découverte des enfants ».
Dans le même temps, on va du centre-ville aux localités périphériques autrement. « Par exemple, beaucoup d'actifs font le choix de laisser leur véhicule, le matin, sur un parking de délestage comme Casamozza puis de prendre le train afin de gagner Bastia. On observe un phénomène comparable même s'il est de moindre ampleur autour d'Ajaccio.
On rejoint Mezzana en voiture et on poursuit en train jusqu'à leur lieu de travail situé au cœur d'Ajaccio. Dans cette zone, grâce aux accords passés avec la Capa, les détenteurs de titres de bus ont la possibilité de prendre le train.
Le suburbain de Bastia et d'Ajaccio correspondent à 28 et 10 allers et retours chaque jour », constatent les responsables.
La méthode se révèle efficace pour éviter les embouteillages à l'entrée des deux villes. Tandis que l'exigence de mobilité est satisfaite.
L'art fait, à son tour, bon ménage avec le rail.
La relation se noue lors de manifestations culturelles, par l'entremise « de créateurs, de photographes et de peintres qui recherchent à travers le train et le réseau ferroviaire un support pour leurs œuvres.
Nous accédons à leurs demandes dans la mesure du possible », remarquent Michel Stefani et Jean-Baptiste Bartoli.
Les Chemins de Fer de la Corse se pensent en transporteurs mais aussi en partenaires « des événements qui se déroulent autour de notre réseau, à l'image de A Fiera di a caccia è di a pesca à Ponte Novu, de A Fiera di u casgiu à Venaco, du Festival du polar », précise-t-on.
Des usages variés
À la belle saison, en particulier, le train de Corse s'ajuste aux modes de vie touristiques. Il réalise ainsi une part de sa mission.
« Il n'y a qu'un service public dont l'objet est de transporter des usagers sans distinction. Cela étant, les spécificités du réseau, la beauté des sites traversés attirent de nombreux vacanciers », reconnaît-on. L'intérêt estival implique un nouvel ordre.
C'est prévu dans le texte.
Le train de Corse a ses passages obligés et ses figures imposées.
« La convention de DSP élaborée par la CTC prévoit la mise en œuvre d'un plan de transport adapté en conséquence en respectant les principes de sécurité ferroviaire », souligne Michel Sefani. Le projet est mis à exécution.
« C'est ce que nous faisons sur le terrain », reprend-il. Les responsables raisonnent alors à partir « d'indicateurs qui permettent de mesurer la fréquentation en fonction de la nature des différents usages, quotidien, ponctuels, scolaires ou bien touristiques ».
Il n'y a pas de doute.
Le scénario est bien responsable. Il n'empêche pas pour autant les pics de fréquentation.
Les heures de pointe sont bien connues des voyageurs.
Le train du vendredi de 16 h 50 est en direction d'Ajaccio, de Bastia, ainsi que les trains du lundi matin sont considérés comme des « points noirs » de la semaine.
« Ils sont bondés de façon systématique », affirment des étudiants.
Ceux-ci constituent l'essentiel de l'effectif à ces périodes-là.
Comme dans le métro, le RER, ou le train de banlieue, ils doivent supporter la promiscuité, l'inconfort et parfois quelques incivilités, comme autant d'aléas du transport en commun.
La belle saison est traditionnellement chargée aussi.
C'est au tour des touristes, pour l'essentiel, de s'entasser. Quelques étudiants sont aussi de la partie.
Pour ces usagers réguliers, la solution pourrait venir de « l'affrètement d'un wagon supplémentaire ».
Commande centralisée de voie unique
On serait alors plus au large et plus à l'aise.
La proposition est simple en théorie.
Dans les faits, modifier la longueur d'une rame exige la « constitution d'un dossier volumineux ».
Les CFC sont à l'œuvre. « Avec les services de l'État nous étudions la possibilité de mettre en circulation des unités multiples. Nous pensons à accrocher deux autorails à certaines heures. La perspective exige une analyse approfondie de différentes problématiques telles que la longueur des quais, la signalétique, la formation du personnel, la sécurité ».
Sur les rails, le moindre changement est soumis à un ensemble de paramètres complexes et divers à la fois. « Nous devons combiner l'offre de service, les moyens en exploitation pour la satisfaire, les contraintes inhérentes à la voie unique ainsi que les systèmes de gestion des trafics. Ils sont pour l'heure au nombre de deux ; le cantonnement téléphonique et la commande centralisée de voie unique - CCUV - entre Casamozza et Bastia.
Ce système réunit l'homme et l'informatique », développe Michel Stefani.
La marge de manœuvre des Chemins de fer de la Corse est régie par d'autres facteurs tels que « le temps de travail et le temps de repos indispensable des agents et bien sûr les règles de sécurité ferroviaire », complète le président.
Le travail d'ajustement est très fin « mais il doit être poursuivi. Nous devons anticiper, maintenir notre qualité de service. »
Le transporteur ferroviaire craint à un moment ou à un autre « d'être confronté à une demande supérieure à nos capacités ».
Alors, d'ores et déjà la réflexion porte sur le tronçon Bastia-Casamozza, « car nous avons du monde dans les trains », observe-t-on.
À la rentrée de septembre, les Chemins de fer de la Corse visent « un cadencement à la demi-heure, de 6 h le matin à 20 h le soir ».
Le transporteur compte également « ajouter quelques navettes sur le périurbain entre Ajaccio et Mezzana ».
Les projets « qui apporteront plus de places et, donc de confort » se construisent dans « le strict respect des règles de sécurité posées par le Service technique des remontées mécaniques et du transport guidé - STRMTG.
À plus longue échéance, l'avenir du rail local passera par le déploiement de la commande centralisée de voie unique. « Nous sommes en train d'y réfléchir avec le service ferroviaire de la CTC », indique Jean-Baptiste Bartoli. « Pour le moment, l'ensemble du réseau à l'exception de Casamozza-Bastia, est géré par cantonnement téléphonique. Les agents communiquent par téléphone », explique-t-il.
Le changement, susceptible d'intervenir « d'ici 3 ou 4 ans permettra d'améliorer et d'augmenter les circulations sur la totalité du réseau corse ».
La sphère périurbaine ajaccienne pourrait aussi s'étendre. « Avec la CCUV, on pourrait imaginer un cadencement à partir non plus de Mezzana mais de Bocognano. En cantonnement téléphonique nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons.
Les directives sont très draconiennes et nous n'y dérogeons pas », envisage-t-on.
Le supplément de confort viendra aussi de l'utilisation de cartes magnétiques, de la présence de panneaux d'affichage lumineux dans les gares.
On réaménage, on met en conformité les quais, on soigne l'accueil.
L'orientation est inscrite dans « le Schéma des investissements ferroviaires voté par l'assemblée de Corse ».
Une manière de reconnaître le rôle structurant du train.
Prochain arrêt : Folelli
3h 20.
C'est la durée moyenne d'un trajet ferroviaire sans encombre entre Ajaccio et Bastia. « Nous avons privilégié la sécurité et la régularité », assure Jean-Baptiste Bartoli.
Le directeur n'exclut pas la possibilité « d'approcher les 3 h.
Nous allons essayer.
Mais nous n'irons pas en dessous de ce seuil ».
Dans tous les cas, le train restera tributaire d'un éboulement, d'un affaissement de terrain.
Il passera alors « en mode dégradé ou en marche prudente. Les procédures de sécurité comportent différents degrés », note-t-on. Le temps du voyage s'allonge d'autant.
Mais le train avance envers et contre tout, été comme hiver. « Nous sommes équipés d'un loco tracteurs avec une étrave. Les services de l'équipement des CFC sont en alerte dès que la météo annonce de la neige. Ils dégagent ensuite la voie », explique le directeur.
On ne supprimera pas l'aléa et on ne doublera pas non plus la voie soutenue par
1432 ouvrages d'art.
On envisage cependant d'aménager des aires de croisement supplémentaires « destinées à faciliter la gestion des circulations ».
Pour l'heure le train de Corse effectue chaque jour 5 allers et retours entre Ajaccio et Bastia, deux allers et retours entre Calvi et Ponte Leccia, « le nœud du réseau ». 5 navettes circulent entre l'Île-Rousse et Calvi au quotidien.
70 % de la clientèle des CFC se concentrent sur le périurbain.
Le demi-mouvement, c'est-à-dire Ajaccio-Corte et Bastia-Corte, draine du monde aussi.
Les horaires sont établis en fonction des besoins de déplacement exprimés par la clientèle.
Les agents des CFC procèdent à partir d'un recensement des « heures de travail, des attentes des usagers ».
À cela s'ajoutent les enquêtes de satisfaction, les comptages afin « d'adapter au mieux les horaires distribués au public. »
S'agissant de la desserte de Corte, les CFC sont allés à la rencontre des étudiants, des enseignants et autres salariés, à travers des forums, des questionnaires, et depuis des stands dressés sur les campus. « Le train de 11 h 06, par exemple, au départ d'Ajaccio et de Bastia a été mis en place pour les gens qui commencent leur cours en début d'après-midi »
Le premier volet de l'étude est achevé.
Le second est ouvert. Il faudra ensuite que l'assemblée de Corse délibère.
Mais pour l'heure quelques hypothèses fortes se dessinent. « Nous savons qu'il ne sera pas trop difficile d'avancer jusqu'à Folelli à 19 kilomètres de Casamozza.
En outre, sur cette portion, les collectivités sont restées propriétaires des anciennes emprises ferroviaires. Mais la question des expropriations se posera quand même. Ensuite, il sera sans doute nécessaire de construire un pont pour franchir le Fum'Alto », détaille Michel Stefani.
De l'avis commun, le jeu en vaut la chandelle. « Si l'on veut dans les 10 ans à venir limiter l'utilisation de la voiture dans le centre de Bastia » Jean-Baptiste Bartoli place aussi l'accent sur « un véritable levier de développement pour le chemin de fer », sur « un bassin de population demandeur. Nous avons quelques centaines d'abonnés qui viennent de la région de Folelli prendre le train à Casamozza ».
La suite consistera à déterminer si le train ira au-delà de Folelli.
Dans cette perspective, « Plusieurs phases de travaux sont envisageables. », commente le président.
La construction d'1 kilomètre de voie ferré réclame un investissement de 5 millions d'euros.
Le fret sera une autre manière d'appréhender les années à venir.
Au CFC on espère bien passer de « la petite messagerie au transport de marchandise ». La circulation des trains pourrait s'effectuer la nuit. Mais de nombreuses questions sont à résoudre. « Il y a une grosse machinerie derrière les AMG », reconnaît-on.
Nouveau logo et nouvelle identité visuelle.
Les Chemins de fer de la Corse - Camini di ferru di a Corsica changent d'image sur les autorails, dans les gares, sur la tenue vestimentaire des agents et sur le papier. L'objectif est de permettre une « identification claire et homogène ».
Le transporteur s'affirme ainsi dans un dégradé de bleu et de noir.
Au passage il établit une relation forte avec la CTC, « notre principal actionnaire. Le code de couleur reprend la charte graphique de l'institution régionale », précise-t-on. Le visuel reflète la volonté de valoriser tout à la fois la « territorialité, le patrimoine, le lien entre le nord et le sud, entre les hommes ainsi que le service et le développement ». Novateur et réussi.
samedi 19 juillet 2014
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire