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Larmes à gauche
Jean Ferrat est mort la veille des élections régionales.
Le front de gauche aura un bulletin de moins.
Sa voix, elle, manquera à tout le monde.
Les gens de droite aimaient, eux aussi, cet homme droit.
Engagé sans chercher à être engageant.
Jean Ferrat préférait le peuple au people, la lumière de l'Ardèche à la chaleur des projecteurs.
Il était d'un autre temps mais racontait notre époque. Il a chanté Aragon, l'amour, la mort, les camarades, la France, les femmes, la guerre, les saisons, la vie quoi. Il a porté l'étoile jaune et la moustache forcément grisonnante. Il aurait pu posséder un haras tant ses chevaux de bataille étaient fiers et nombreux.
À 79 ans, le poète poussait encore des soupirs de rage et des cris du cœur. Il vivait, aimait, écrivait et pêchait à Antraigues.
Tranquille.
Presque retiré.
Là-bas, il écoutait le souffle du vent mais entendait toujours le fracas du monde.
On ne le voyait pas à la télé. Il n'avait pas la carte. Ni celle du PC. Le militant était libre. Comme ses chansons qui, longtemps encore, vont envahir nos têtes. "C'est la vie" est une promesse de l'aube. La femme est l'avenir de l'homme", une tendre réalité. Hier, Ferrat a rejoint Ferré. Depuis, la montagne se cache derrière le brouillard. Pour pleurer.
(Le billet de Philippe Camps de Corse-matin 14 mars 2010)
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